Les dangers écologiques posés par les sacs de plastique à usage unique lorsque l’ont fait nos emplettes sont toujours à l’agenda de la Ville de Montréal.
Par Éric Messier
Montréal tiendra en mai 2015 une consultation publique dans le but d’étudier les enjeux et impacts du bannissement de ces sacs.
La Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs est mandatée pour organiser cette consultation qui sera présidée par la conseillère municipale Elsie Lefebvre.
Rappelons que dans son Plan directeur de gestion des matières résiduelles de l’agglomération de Montréal 2010-2014, la Ville cible plusieurs actions de réduction à la source. Notamment, l’action 2.3 propose de promouvoir activement la réduction de la consommation, et en ce sens à diminuer les emballages et à choisir des matériaux d’emballage recyclés et recyclables.
La consultation voudra donc mesurer les impacts environnementaux, sociaux et économiques d’un bannissement, mais elle examinera aussi les expériences des autres villes et états qui ont banni ce type de sacs.
De plus, la Commission mesurera les impacts de la mise en place d’une réglementation pour les commerçants montréalais et les fabricants de sacs d’emplettes à usage unique, ainsi que les solutions de rechange au sac à usage unique.
Gestion des matières résiduelles
Le Plan directeur de gestion des matières résiduelles est arrimé aux objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles. Il vise la réduction de la quantité de matières résiduelles destinées à l’enfouissement.Les partenaires de la ville sont bien sûr les citoyens, les autres villes, les arrondissements, les entreprises d’économie sociale, les organismes à but non lucratif et le secteur privé.
Parmi les 49 actions prévues dans le Plan directeur de gestion des manières résiduelles, quarante sont déjà en cours, dont :
- La collecte sélective pêle-mêle des matières recyclables à l’échelle de l’agglomération
- La distribution de nouveaux bacs qui augmenteront la quantité de matières recyclables récupérées
- L’implantation d’un programme de récupération et de traitement des résidus de construction, de rénovation et de démolition résidentiels
Il faut aussi compter les nouvelles mesures que Montréal compte instaurer comme l’élargissement du réseau des écocentres et la mise en place de collectes spécifiques ainsi que d’infrastructures de compostage.
Saviez-vous qu’à l’heure actuelle, les matières organiques sont encore la première composante des ordures ménagères?
La Commission pourrait devoir surmonter certains écueils.
Interdictions et règlements à travers le monde
Outre les problèmes généraux de pollution ou de laideur, les sacs de plastique causent la mort des animaux d’élevage et des mammifères marins qui les mangent.
Plusieurs pays interdisent déjà l’usage de ce type de sacs. Au Mali et en Mauritanie, par exemple, leur production, vente et usage de ce type d’emballages sont chose illégale.
Les contrevenants dans ces pays font face à des peines de prison, rien de moins. Des interdictions semblables sont en vigueur au Rwanda, au Gabon, au Togo, en RDC, au Congo, au Ghana, en Afrique du Sud, au Tchad et au Maroc.
De même, en Europe, 28 gouvernements européens ont signé en novembre 2014 un accord «historique» visant à réduire de plus de trois quarts d’ici 2025 l’usage des sacs plastique à usage unique qui asphyxient eaux et sols.
Au Canada, la ville de Leaf Rapids au Manitoba est devenue la première à imposer une interdiction. Les consommateurs sont encouragés à apporter des sacs réutilisables, et les commerçants peuvent fournir à leurs clients des sacs en papier recyclable.
De nombreuses villes d’Amérique du Nord ont adopté une mesure semblable ou y songent, comme San Francisco et Los Angeles.
Par ailleurs, en janvier 2008, la Chine a annoncé son intention d’interdire la distribution gratuite de sacs de plastique non réutilisables.
Toronto, la plus grande ville canadienne, avait proposé en 2012 un règlement d’interdiction, mais le projet avait été abandonné devant les pressions de l’industrie des sacs de plastique et le manque de soutien populaire: seulement 19 % des Torontois étaient en faveur d’une interdiction complète.
En complément :
- Plusieurs épiceries et pharmacies du Québec facturent 5 cents à leurs clients pour chaque sac, en plus de vendre des sacs réutilisables.
- La Société des alcools du Québec a déjà banni les sacs de plastique de ses points de vente.
- Certaines villes interdisent déjà ces sacs, comme Huntingdon, Deux-Montagnes, Sainte-Martine et Saint-Anselme.
Ce qu’ils ont dit :
« La Ville de Montréal s’est engagée à pratiquer une gestion responsable des ressources. Il est temps que Montréal se positionne face à l’usage des sacs de plastique à usage unique. J’invite tous les citoyens et les intervenants à venir s’exprimer sur le sujet pour évaluer l’impact de leur interdiction. »
Denis Coderre, maire de Montréal
« Les sacs d’emplettes à usage unique représentent un enjeu environnemental lorsqu’ils ne sont pas dirigés vers le recyclage. Leur dégradation dans un lieu d’enfouissement peut prendre plusieurs centaines d’années et leur présence peut également avoir un effet sur les écosystèmes naturels. La tenue d’une consultation publique permettra à la Ville de Montréal de se positionner par rapport à cette problématique et de prendre une décision éclairée. »
Réal Ménard, membre du comité exécutif responsable du développement durable, de l’environnement, des grands parcs et des espaces verts
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