Tout n’est pas au beau fixe pour les locataires de Montréal, révèle le Rapport du directeur de santé publique de Montréal Pour des logements salubres et abordables, rendu public lors du Forum montréalais sur le logement et la santé.
Le rapport nous apprend que sur l’île de Montréal, 210 000 ménages locataires doivent consacrer plus de 30 % de leur revenu au paiement de leur loyer.
De plus, en 2014, 95 000 d’entre eux ont souffert d’insécurité alimentaire et plus de 50 000 n’ont pas eu assez de nourriture à cause d’un manque d’argent.
Le directeur de santé publique de Montréal, Richard Massé, en appelle à l’application de solutions.
Détérioration
Le directeur révèle aussi qu’au cours des quinze dernières années, la situation semble s’être détériorée.
Par exemple, le coût des logements de trois chambres à coucher a augmenté de 38 % alors que l’inflation se situait à 28 % pour la même période.
En 2014, le taux d’inoccupation des logements de trois chambres à coucher à moins de 700 $ par mois frôlait le 0 % sur l’île de Montréal, une situation difficile pour les familles à faible revenu qui ont plusieurs enfants.
L’insalubrité
Le rapport rappelle aussi que les problèmes d’insalubrité exigent une action.
En 2014, 30 % de tous les ménages montréalais avaient un problème d’insalubrité dans leur logement.
En effet, plus de 20 % avaient de la moisissure ou des traces d’infiltration d’eau; 9 %, des rongeurs (souris ou rats); 3,4 %, des punaises de lit et 3,3 %, des coquerelles.
Plus particulièrement, les locataires sont plus affectés : près de 30 % d’entre eux ont rapporté avoir des moisissures apparentes ou des traces d’infiltration d’eau, une proportion trois fois plus grande que celle des ménages propriétaires (11 %).
Montréal
L’île de Montréal se distingue de l’ensemble de la province de façon peu glorieuse.
On y compte 26 % de ménages vivant sous le seuil de faible revenu contre 15 % pour la province.
Une proportion de locataires plus grande (61 % contre 39 %).
Plus de familles avec enfants qui consacrent plus de 30 % de leur revenu au logement (29 % contre 17 %).
Une plus grande proportion de logements bâtis il y a plus de 50 ans (42 % contre 28 %).
Recommandations
Dans son rapport, le Dr Massé recommande un réinvestissement du gouvernement fédéral dans les programmes de logements sociaux et communautaires.
Il rappelle que le Canada est le seul pays de l’OCDE à ne pas avoir de stratégie nationale globale en habitation.
Il souhaite aussi que le Québec se dote d’une politique nationale de l’habitation en partenariat avec les villes qui permettrait d’investir dans les logements sociaux et communautaires destinés aux familles et d’instaurer des programmes d’aide à la rénovation des logements privés.
Le directeur recommande également que les municipalités de l’île de Montréal adoptent des règlements sur la salubrité des logements et que celles qui possèdent déjà de tels règlements améliorent leur pratique, notamment en allouant les ressources humaines, matérielles et financières nécessaires à l’application de ces règlements.
De son côté, le directeur maintiendra une équipe régionale spécialisée pour intervenir sur la question du logement.
Il rappellera au réseau de la santé et des services sociaux qu’il faut accorder la priorité aux enjeux liés au logement dans les interventions auprès des populations vulnérables.
Il accompagnera la Ville de Montréal dans la réalisation de son plan d’action contre l’insalubrité et soutiendra l’implantation des interventions proposées dans le Schéma d’aménagement et de développement de l’agglomération de l’île de Montréal.
En complément :
- Le manque d’accès à des logements salubres et abordables a des effets directs sur la santé et le bien-être de la population.
- L’insécurité alimentaire vécue par les milliers de ménages qui n’ont pas accès à des logements abordables peut entraîner des carences alimentaires et mener à une mauvaise santé mentale et physique, tant chez les adultes que chez les enfants.
- Ces citoyens peuvent également voir leur développement physique compromis à long terme et même souffrir d’un surplus de poids.
- De plus, la présence de facteurs d’insalubrité est associée au développement ou à l’aggravation de maladies respiratoires telles que l’asthme, la rhinite allergique ou les infections respiratoires qui affectent beaucoup les enfants : sur l’île de Montréal, ils sont 5 000 à souffrir d’asthme en lien avec l’insalubrité.
Ce qu’ils ont dit :
« Le problème d’accès à des logements abordables empêche des milliers de Montréalais de se nourrir adéquatement. Des solutions doivent être rapidement mises de l’avant, car une alimentation déficiente peut mener à de nombreux problèmes de santé comme le diabète, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires, l’obésité et plusieurs cancers. »
Dr Richard Massé, directeur de santé publique de Montréal
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